En
plongeant dans la matière, le vertige nous a saisi : Comment était-il
possible que lhistoire du Congo soit tellement indissociable de
celle de la Belgique sans que nous nen sachions rien ? Pour permettre
ses «grands travaux», Léopold II a puisé dans
la manne congolaise. Pour favoriser la croissance des années 20,
des Belges ont fait affaire au Congo. Pour contribuer à leffort
de guerre, la Belgique a donné «son» uranium, cest-à-dire
celui du Katanga (donc du Congo). À Bruxelles au sortir de la guerre
40, des grandes sociétés dexploitation ont fleuri,
érigeant des bâtiments à échelle de leurs ambitions
coloniales.
Non, décidément, à y regarder de plus près,
la Belgique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui s'il n'y avait eu
le Congo et inversement, le Congo ne serait ce quil est aujourdhui
sil navait été pillé par les envahissements
successifs. Aussi, le désintérêt actuel pour ce qui
se passe aujourdhui en Afrique centrale est dautant plus choquant.
Lidée nétait pas de raconter cette histoire
à travers un filtre économique (ce qui nous aurait immanquablement
conduit vers une critique de la mondialisation) mais bien de se servir
du concret pour arriver à expliquer le cheminement de notre pensée.
Les filtres choisis ont été lurbanisme et larchitecture
de Bruxelles.
Si
lon regarde la capitale belge au travers du filtre africain, on
peut y lire une histoire codée, comme autant de stigmates qui révèlent
une histoire douloureuse, savamment dissimulée. Les bâtiments
et leur construction sont véhicules didées et nous
pouvons les analyser, et ainsi décoder lidéologie
qui les a créés.
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